Le journal de Grosse Patate
De Dominique Richard, édité par théâtrale jeunesse
Œuvre de référence sélectionnée en 2004, 2007, 2013 et 2018 par l’Éducation nationale pour le cycle 3.
Spectacle à partir de 7 ans.
Mise en scène : Pauline Jabaud
Comédiens : Sandra Boch et Rézé
Musique : Rézé
Chorégraphie : Anne-Claire Milesi
spectacle créé en novembre 2019, en résidence à l’Oriel de Varces
Note d’intention
« Entrecoupé de « rêves », de « discours à la lune », Le Journal de Grosse Patate de Dominique Richard avance par fragments, scènes de vie (de classe, de jeu, de groupe) où prennent place les premières amitiés, les premières amours, les rejets et trahisons qui les accompagnent.1 ». C’est cette écriture réaliste mais totalement empreinte de poésie, d’images, et de musicalité qui nous a immédiatement séduits à la découverte de cet ouvrage.
L’un des objectifs de notre compagnie est de s’adresser aux jeunes à travers des thèmes qui les concernent directement afin d’encourager les débats et les discussions entre eux, mais aussi avec leur famille et enseignants. C’est pour cela que ce texte a retenu notre attention. Dominique Richard parvient avec humour et émotion à aborder des sujets qui nous concernent ou nous ont concernés, petits et grands.
La forme textuelle, courte, précise, incisive, offre un matériau idéal à une transposition théâtrale et encourage à utiliser des formes contemporaines pour dessiner le paysage de l’enfance. La dramaturgie repose sur une actrice pour le rôle de Grosse Patate et un acteur, qui est aussi musicien, pour interpréter le personnage de l’Homme en noir.
Travailler avec un musicien, qui est présent sur scène et joue en direct, apporte énormément à l’univers d’un spectacle. Plus qu’une simple ambiance musicale, il s’agira de créer un univers mais aussi de mettre en valeur la palette d’émotions que l’on peut ressentir au cours sa vie d’enfant. Car les histoires de Grosse Patate ne sont pas seulement celles d’une petite fille trop ronde qui peine à trouver sa place, mais ce sont surtout les histoires d’une enfant qui grandit, découvre le monde et les autres.
La pièce : Le Journal de Grosse Patate
Le journal de Grosse Patate est le journal intime d’une fille de 10 ans que l’on surnomme ainsi parce qu’elle mange tout le temps. Plus elle est triste plus elle mange, moins elle comprend plus elle mange… Dans son journal, Grosse Patate brosse toute une année : une année d’école et de vacances, une année de classes et de récrés. Joyeuses découvertes et premières grandes déceptions. Amours et déconvenues. Amitiés et désillusions. Une année de questions sur soi et sur l’autre, une année d’apprentissage de la vie et du monde. Dans sa classe il y a Rosemarie la timide, Rémi le souffre-douleur, et Hubert dont tout le monde est amoureux.
L’auteur : Dominique Richard
Dominique Richard est à la fois comédien, metteur en scène et auteur.
Après une maîtrise de philosophie, il entre à l’école supérieure d’Art dramatique du Théâtre national de Strasbourg, il y est formé par Françoise Lebrun, Laurence Roy et Joël Jouanneau.
Comédien, il joue sous la direction de Madeleine Gaudiche, Daniel Girard, Joël Jouanneau, Bernard Sobel, Jean-Pierre Vincent … Il met en scène Les Chants de Maldoror d’après Lautréamont et Dans le petit manoir de Witkiewicz.
Il écrit sa première pièce : Le Journal de Grosse Patate, et la met en scène en 98 pour la compagnie Râ. Suivront les Saisons de Rosemarie (Théâtrales Jeunesse), Les cahiers de Rémi (Théâtrales Jeunesse, volume « Court au Théâtre ») et Hubert au Miroir (Théâtrales Jeunesse), trois pièces mettant au centre chacun des camarades de Grosse Patate.
Les thèmes
- Différence
- Amitié
- Amour
- Deuil
- Harcèlement
- Boulimie
- Grandir
- Estime de soi
Les personnages
Deux personnages font partie de « la liste des personnages » et sont présents sur scène :
- Grosse Patate, c’est le surnom qu’on lui donne à l’école parce qu’elle mange tout le temps. Elle, elle sait qu’elle est ronde et douce. Elle est le personnage central de la pièce et pourtant existe à travers sa relation aux autres. On observe ainsi comment Grosse Patate commence à se construire : on part de son malaise, de sa difficulté à adhérer à elle-même, à être en harmonie avec elle-même ; puis on la voit peu à peu se construire en se situant dans le groupe, en rejetant la tentation de ressembler à Narcisse ; et cela débouche sur le « nous » du dernier fragment qui lui permet d’envisager le futur, même très incertain.
- L’homme en noir. Personnage tout droit sorti de l’imaginaire de Grosse Patate. Mais qui est-il, que représente-t-il ? Parfois le père, le complice de ses rêves, mais aussi le temps. De façon plus globale « l’homme en noir, le personnage de la nuit, de l’obscur, et de l’inconscient, il apparaît quand elle dort2. »
D’autres personnages sont évoqués tout au long du journal et contribuent à faire vivre le récit de Grosse Patate :
- Hubert. Un garçon narcissique. Tout le monde est amoureux de lui, et lui n’aime rien tant que son reflet dans le miroir. Mais Hubert aussi grandit, change et ne se reconnaît plus.
- Rosemarie, elle a toujours de la difficulté à parler et ne sait pas qui elle est. Elle s’égratigne au contact du réel et rêve les yeux ouverts.
- Rémi, le souffre-douleur de la classe. Il cherche son identité et découvre l’amour lui aussi.
Le projet
Une pièce musicale
Comme une évidence à la lecture de la pièce, le rythme d’écriture de Dominique Richard possède une musicalité certaine.
La musique est directement liée aux émotions. Avec sa guitare, l’homme en noir va instantanément nous transporter au plus profond les émotions et de l’univers de Grosse Patate.
Cette musique en direct, va aussi nous permettre de faire vivre les personnages qui ne sont pas présents sur scène (Hubert, Rosemarie et Rémi).
Les choix scénographiques
La scénographie de cette pièce se veut simple pour pouvoir être jouée partout et s’adapter au lieu dans lequel elle sera jouée.
En revanche, la création d’un univers coloré semble indissociable du monde Grosse patate, personnage haut en couleurs. Une palette de couleurs comme une palette d’émotions qu’elle traverse tout au long de son journal intime.
Par ailleurs, l’endroit pour écrire un journal intime doit être un lieu isolé et protecteur, comme une bulle dans laquelle se retrouver. Les décors seront fidèles à cette image de bulle : ronds et accueillants, mais qui doivent pour autant laisser la place à l’imaginaire et ne pas suggérer un lieu précis.
Enfin, la pièce a la particularité de contenir des illustrations. Celles-ci, dessinées par Vincent Debats, parachèvent l’œuvre de Dominique Richard. Ces illustrations en noir et blanc apparaissent tout au long du récit, comme des ombres. Notre volonté serait donc de pouvoir les faire exister grâce à des ombres ou projections.